mardi 31 janvier 2012

Mes rayons de soleil



Grand soleil depuis ce matin dans l’appartement, j’en ai presque été éblouie en sortant de chez moi derrière ma poussette préférée… Dehors, le thermomètre affiche 15°C (entendez par là en négatif, donc -15°C! ;-)). Il suffit de se transformer en oignon (le petit nous bat tous en matière de nombre de couches de vêtements, je n’ose plus les compter…) et le tour est joué, on ne souffre pas du froid, enfin du moins que par le bout du nez…

Un superbe temps d’hiver, je croise des enfants qui apprennent à skier derrière leurs professeurs – ils skient déjà (ski de fond ici) comme ils respirent, ou glissent gaiement sur la patinoire naturelle qui, cet été, était encore un terrain de football transformé par la glace en un rien de temps… Dans mon quartier, tout est calme en ce début d’après-midi de semaine, beaucoup de gens travaillent, les enfants ne vont pas tarder à rentrer de l’école (les jours d’école sont plus courts qu’en France, objet d’un futur article), quelques mamans (et même pas mal de papas) sont comme moi errant, solitaires ou non, dans les jardins alentours. Je me réchauffe en pensant au petit plaisir d’un chocolat chaud maison, celui aux épices de noël ou, mieux encore, le chocolat de communion martiniquais, souvenir d’enfance qui me poursuit depuis lors…

J’ai toujours aimé voyager, me sentir dépayser. Pour le coup, ici, je ne suis pas déçue, d’autant plus quand la famille est véritablement internationale, occasion de grands débats sur pas mal de sujets, échanges de points de vue, apprentissage de langues aux accents envoûtants pour une petite Française.

Je suis tombée amoureuse de la langue finnoise comme ça, charmée par un mélange de sonorités douces, forte de ses voyelles onctueuses, et d’un rrrr encore imprononçable pour moi, mais je ne perds pas espoir, même Tarja Halonen, la Présidente finlandaise actuelle, ne sait pas le prononcer à la perfection ! :-) Notre petit amour a la chance de pouvoir entendre à la maison un beau mélange de français, finnois et d’une pointe d’anglais, qui épice nos conversations de grands… Je me demande ce qui se passe dans sa tête d’un enfant de trois mois face à cette diversité linguistique étrange, et quels seront ces premiers mots, et surtout, dans quelle langue ? pour l’instant, c’est un étonnant florilège de « ah » et de « euh », de « bah », « mais-euh » et même parfois « mam », futur « maman » ? les adultes interprètent sans doute trop.

Dans ma nouvelle famille, on parle aussi un peu le turc et le chinois, de quoi nous sortir de nos sentiers battus encore plus… Et cette famille d’adoption au mélange de sang chaud et de sang froid est vraiment magnifique.

Je finis ce papier par un conseil d’écoute musicale, pour changer un peu : après cela, si vous n’êtes pas charmés, vous aussi, par le finnois (et Hector), alors je ne pourrais plus rien pour vous… ;-)

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My rays of sunshine

A big sun this morning in the flat, it almost blinds me when I go out behind my favourite pram… Outside the temperature is 15°C (wait, here we do not say minus but everybody knows that it is – 15°C and not +! ;-)) You just need a little training and remember to wear enough layers of clothes, like an onion, this is why we talk about “the onion strategy”… Our little one is the winner if we consider who is the most dressed for winter, I even do not count the number of layers anymore! And here you are, without suffering from cold, except maybe from your little nose…

It is a great winter weather, I am meeting here and there children who learn how to do cross-country skiing behind their teachers – they already ski like they breathe, or happily ice-skate on the natural ice-skating field – last summer, here was a soccer field turned into ice within some days… In our living area, everything is quiet in the beginning of afternoon. A lot of people are working, kids are about to leave the school and come home (school days are shorter than in France, but we will talk about that another time). Some mothers (and even quite some daddys) are like me, wandering, lonely or not, in the neighbourhood gardens and parks. I am warming myself, thinking about the homemade hot chocolate I will prepare when I come home, the one full of Christmas spices, or, even better, the hot chocolate “from communion” from Martinique I never forgot since childhood… my “madeleine” de Proust…

I always loved travelling, feeling out of my element. And here, I cannot be disappointed, since even my new family is really international, a great opportunity for opening big debates about a lot of subjects –political or cultural especially – a rewarding exchange of point of views and an occasion of learning various languages with charming accents and sounds for a little French.

I fell in love with Finnish language like that, bewitched by its soft tones, thanks to its smooth vowels, and a « rrrr » still unpronounceable for me, but I do not lose hope, even Tarja Halonen, the current Finnish president, does not completely master it! :-)

Our little love is lucky to be able hear at home a beautiful mix of french, finnish and some english, that spices our adults conversations. I wonder what happens in the head of a three-month old baby facing this strange linguistic diversity, and what will be his first words, and especially in which language? At the moment it is a surprising mix of « ah » and « euh », « bah », « mais-euh », and even sometimes « mam », future « maman » ? ;-) Adults interpret probably too much.

In my new family we talk also a little turkish and chinese, other ways to provide us more changes of scenery… and this warm-blooded and cold-blooded adoptive family is really wonderful.

I am ending this post by a musical hint for a change : after listening that, if you are not charmed by Finnish language (and Hector) as well, then I can not do anything more for you :-)

jeudi 26 janvier 2012

Sofi Oksanen : Une ouverture sur la littérature finlandaise

J’ai une confession à vous faire : avant de tomber raide dingue d’un Finlandais, je ne connaissais pas grand-chose à la culture finlandaise, encore moins à sa littérature. J’étais en train de découvrir un peu de littérature « nordique » en dévorant les trois tomes de Millénium, au début de la vague des « polars venus du froid », mais point de littérature finlandaise à l’horizon… hormis peut-être Arto Paasilinna, dont j’avais découvert l’humour singulier et glacé - sinon glacial, à travers Petits suicides entre amis.

Je vous rassure, mes beaux-parents ont eu vite fait de combler ma curiosité en m’offrant depuis un classique de leur littérature nationale à chaque nouveau noël : après Les Amants de Byzance de Mika Waltari, bien connu pour son Sinouhé l’Égyptien, j’ai désormais à disposition sur ma table de nuit le classique des classiques de la littérature moderne finlandaise : Ici, sous l’Étoile polaire de Väinö Linna. J’ai aussi investi dans l’une des BD pour enfants les plus connues au Japon (oui, oui, un vrai phénomène !), Les Moumines (Moomins), de Tove Jansson, trouvée par hasard chez Shakespeare and Co à Paris, la librairie de mes rêves. Mais quant à la littérature contemporaine, pas un seul souffle n’atteignait le territoire français, encore une fois à l’exception de Paasilinna… Et puis est arrivée doucement mais sûrement la traduction de Purge de Sofi Oksanen… et j’avoue que j’ai été sous le charme dès les premières pages…

Alors vous trouverez ci-dessous une critique que j’avais publiée il y a un certain temps sur le site de Myboox, mais que je me permets de vous transmettre ici pour vous redonner l’eau à la bouche, en attendant de me procurer Les Vaches de Staline, son deuxième roman traduit en France, d’entrer dans le monde de Monika Fagerholm, et surtout de lire L’armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen fraîchement traduit en France et qui me tente aussi fort qu’un chocolat chaud à la crème fouettée vanillée…



C'est l'histoire d'une famille profondément marquée par l'Histoire. C'est l'histoire d'un pays écartelé entre nations qui le mangeront tour à tour. C'est l'histoire, surtout, des femmes de l'ombre, celles qui, dans un pays malmené, se révéleront les plus actives, aux côtés des « frères de la forêt », obligés de se cacher. C'est l'histoire, enfin et surtout, d'un face-à-face entre deux femmes que tout sépare, que tout rapproche.

1992, Estonie. Au fin fond de la campagne estonienne, la vieille Aliide se cloître dans sa maison, soulevant de temps à autre les rideaux pour observer les éventuels pilleurs. À force de perdre son regard dans le moindre détail de son jardin, Aliide découvre un corps recroquevillé. C'est une jeune fille tremblante, marquée sur son corps même, qu'elle finit par recueillir chez elle.

Elle s'appelle Zara, parle estonien, avec un accent russe. Elle vient de sortir de l'enfer, s'invente une histoire pour rester plus longtemps loin de sa vie, loin de l'enfer qu'elle vient de fuir. Face à elle, Aliide reste impénétrable, méfiante mais chaleureuse, indéchiffrable. Au fil des pages se tisse l'histoire de ces deux femmes que le destin a fini par rapprocher, après bien des trahisons, après bien des crimes d'amour et de haine. Défilent des images, sensations, moments-clés d'un roman familial, d'une tragédie qui ne dit pas son nom.

On en apprend beaucoup sur une Estonie déchirée par la Seconde Guerre mondiale, ballotée par l'Histoire, entre Allemagne et Russie, oppressée par la dictature stalinienne qui s'abat bientôt sur elle. On découvre deux portraits magnifiques de femmes, victimes de violence jamais assez abordées en littérature. Car au cœur de cette histoire d'amour et de jalousie, Purge est avant tout le roman de toutes les violences faites aux femmes. Torturées, exilées, déportées, violées, les femmes qui peuplent le roman de Sofi Oksanen gardent pourtant toujours la tête haute, héroïnes touchantes et troublantes dans un monde où les leçons de l'Histoire ne sont jamais apprises, quand les erreurs du passé se répètent indéfiniment. Au bout du chemin, une vieille femme que nul ne peut juger, cherchant la rédemption. Elle la trouvera en Zara, lueur d'espoir.

On connaît encore peu la littérature finlandaise en France. Avec Purge, Sofi Oksanen nous donne à voir une merveille littéraire inoubliable. Et nous laisse à penser qu'une nouvelle porte littéraire s'est ouverte. Un roman indispensable.

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Sofi Oksanen : An entrance to Finnish literature

I have to confess something: before falling madly in love with a Finn I barely knew anything about Finnish culture, even more regarding its literature. I was slowly discovering “Nordic” literature with my reading (or devouring) of the three parts of "Millenium", in the beginning of the new trend of thrillers imported from the cold north. But no Finnish literature in my bookshelves… except maybe Arto Paasilinna, whose odd and iced –even icy – humor had struck me while reading "Petits suicides entre amis".

But here I can reassure you: since then my parents in-laws managed to find a way to feed my curiosity by offering me every Christmas a new classic of Finnish literature: after "The Dark Angel" by Mika Waltari, famous for its "Egyptian", I have now available on my night table a classic of the classics: "Under the North Star" by Väinö Linna.

I have also invested in a children comics, one of the most famous in Japan (yes, yes!) "The Moomins" by Tove Jansson, found by accident in my dreaming and favourite bookshop in Paris, Shakespeare and Co. But I still was not very aware of the contemporary Finnish literature, very rarely available in France except Paasilinna… And suddenly arrived the French translation of "Purge" by Sofi Oksanen… and it was a love at first sight since the first pages…

So you will find below a translation of my review first published some time ago on Myboox, as a reminder of a great book published here. I already added on my to-do list to fetch "Stalin’s Cows", her second novel translated into French, to enter Monika Fagerholm’s world, and above all to read Riikka Pulkkinen’s novel "L’armoire des robes oubliées" recently arrived on the French market and tempting as a hot chocolate with vanilla whipped cream…


This is the story of a family deeply affected by the war. This is the story of a country torn between different nations, eaten by one country after the other. This is the story of women in the shadows, those who, in a mistreated country, revealed themselves as the most active, helping the “Forest brothers”, forced to hide themselves in order to survive. Above all, this is the story of a face-to-face between two women so far from each other and so close too.

1992, Estonia. In the middle of nowhere, in a no man’s land of the Estonian countryside, the old Aliide hides herself in her house, opening sometimes the curtains to check the possible arrival of robbers. And suddenly her eyes stopped on something half-hidden by the plant, looking like a body. This is the body of a shaking young girl, wounded in her body and her mind, that she finally found and welcomed in her house.

Her name is Zara, she speaks Estonian with a Russian accent. She has just survived from hell, creates a story to stay longer far far away from this life, a hell on earth that she managed to escape for a few hours. In front of her, Aliide remains inscrutable, suspicious but warm, mysterious. One page after the other, is told the story of these two women drawn together by their destiny, after a lot of betrayals, after a lot of love and hate crimes. Images and memories thronged in, the key-moments of a family story, an unnamed tragedy.

A lot is told and taught about Estonia torn by the Second World War, between Germany and Russia, oppressed by the Stalinian dictatorship. The reader discovers two wonderful women portraits, victims of violence that literature still does not enough denounce. At the heart of this love and jealousy story is indeed the story of all kind of violence experienced by women.

Even after having been tortured, exiled, deported, or raped, the women living in Sofi Oksanen’s novel hold their heads high, moving heroines in a world where lessons from the past are never learnt, and mistakes always repeated. At the end of the path, is standing an old woman that nobody can judge, looking for atonement. She will find it in Zara, ray of hope.

Finnish literature is still far too unknown in France. With Purge, Sofi Oksanen offers us an unforgettable literary treasure. And makes us think that a new literary door has been opened. An essential book.





lundi 23 janvier 2012

La poussette, c’est du sport !


En mode desperate housewife, au lendemain du premier tour des élections présidentielles finlandaises… Il s’en est fallu de peu pour que les candidats de droite et centre-droite se retrouvent seuls au second tour. Alors on a pensé bien fort aux belles étoiles pour pousser l’écologiste Pekka Haavisto en finale, et aux alentours de 22 heures –heure finlandaise, victoire ! Les Verts vont pouvoir vaillamment lutter contre Sauli Niinisto – en gros le Sarkozy finlandais – même s’il y a peu d’espoir que le report des votes des autres partis permette son élection à la tête du pays. Réponse dans deux semaines, le 5 février prochain !

Profondément green moi-même, je suis assez frustrée de ne pas pouvoir voter… mais cette année ne manquera pas de suspense non plus du côté de mon ambassade et de notre scrutin national… En attendant, je marche beaucoup, derrière la poussette tout-terrain achetée à l’occasion de la naissance de notre petit. Et je dois avouer que la poussette, c’est du vrai sport ! plus fort qu’un cours de zumba, si, si ! surtout quand il faut pousser comme un bœuf une poussette qui reste coincée entre deux blocs de neige non dégagés sur les trottoirs…

Vivre avec une poussette fait aussi prendre conscience des problèmes d’accessibilité au transport en commun et à de nombreux espaces publics ou magasins… Rien que pour prendre le train ou le tram qui me relie au centre-ville, c’est tout un programme. Des ascenseurs pour accéder aux quais qui ne fonctionnent pas toujours et qui contraignent à emprunter les passerelles bagages bordant les escaliers (super dangereux), trois marches insurmontables dans les vieux trains ou trams, des trains modernes toutes les 30 minutes seulement, des trams où seules trois poussettes peuvent faire le voyage en même temps… Restent les bus, mais plus longs. Côté magasins, si tous les grands magasins d’Helsinki sont équipés d’ascenseurs, j’enrage toujours en voyant certaines personnes, ni âgées, ni à mobilité réduite ou aux commandes d’une poussette, occuper tout l’espace et ne pas laisser la priorité à ceux qui en ont vraiment besoin : s’il vous plaît, pensez un peu à nous, et n’oubliez pas, des escalators sont à votre disposition, même pas besoin d’emprunter les escaliers ! Quant aux petites échoppes, il faut faire une croix dessus pour quelques temps (mais elles sont un peu plus excusées).

Comme quoi, même un pays « vert » comme la Finlande a encore beaucoup à faire pour ses poussettes et ses habitants à mobilité réduite. Mais bon, côté français, on ne fait pas encore mieux et le métro parisien en tête de liste reste un véritable casse-tête…

Petite précision du 21 mars 2012: Oublié de vous dire que les transports en commun sur Helsinki (et sa banlieue) sont gratuits pour les poussettes et les "accompagnant(e)s", voilà un beau geste (social et environnemental) qui pourrait en inspirer d'autres de l'autre côté de la Baltique!

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Pushing a pram is a real sport !

Like a desperate housewife, one day after the first round of presidential elections in Finland… It was full of suspense until the last moment and the candidates of right and centre-right were almost the winners… So we thought a lot about beautiful stars, making wishes so that Pekka Haavisto, the green candidate, can reach the final round… and around 10 PM –Finnish time, a little victory! The Green Party will be able to try to fight against Sauli Niinisto, a Finnish Sarkozy, even if it will be a hard job since the statistics are a pessimistic. The end of the suspense after two weeks, next 5th of February !

Deeply green myself, I am a little bit frustrated not to be able to vote but this year will also be full of political suspense at the French embassy when we will have our own national vote… Meanwhile, I am walking a lot behind the all-terrain pram we bought for our little one. And I have to tell you that pushing a pram is a real sport ! it even makes you sweat more than a zumba class, yes, yes ! especially when you have to push like a beef a pram stuck between two pieces of hard snow on a non-cleaned pedestrian street…

To live with a pram made me more aware of all the problems that disabled people can meet when they want to take common transport or visit public space or enter shops… even taking the train or the tram to go to the centre is already a big thing. Some lifts to access to the platform of the railway station do not work and force you to take the specific steps for luggages, which is very dangerous, especially in a wheelchair. Then you have these three inaccessible steps in old trains and trams, making you force either to rely on nice people who help you sometimes or taking the modern trains, only every thirty minutes, if you want to keep your independance…then you have modern trams but with a limited space for three prams only. The busses are easier but your trip will be longer.

As for shops, all of the department stores in Helsinki have various lifts, but there is another problem to be faced. I am always kind of angry when I see some persons, who are neither old nor disabled or with a pushcar, occupying all the space, never respecting the priority to the persons who really need them. Next time, please, thing about us and do not forget: if you still do not want to take the stairs, you will find nice escalators too! Many of little shops are non-accessible (maybe a more difficult task for them…) so we have to wait for better days to manage to enter finally…

So even a green country like Finland has still a lot of work to do for its disabled inhabitants and mummies like I. But well, in France, we are really worse and Parisian metro remains a terrible brain-teaser…

Little edited message : I forgot to tell you that common transports are free for prams and mothers (or fathers) in Helsinki area (and the suburbs), a great social and environmental idea that could inspire others from the other side of the Baltic sea!

mercredi 18 janvier 2012

Étoile des neiges, mon coeur amoureux…



Le bonheur tient parfois à peu de choses… Ce matin, j’observe depuis ma fenêtre un paysage sublime : arbres, routes, champs, tous recouverts d’un fin manteau de neige qui leur sied à merveille. Dans l’appartement, la suite de notes merveilleuse composée par Smetana et sa Vltava, comme une rivière apaisante. Le petit bout est assoupi sur le canapé, sieste bien méritée après un matin où nous avons tenu une longue conversation mère-fils faite de « ah » et de « euh » complices.

Le plus merveilleux est de se risquer dehors : il a beau faire parfois près de -10°C, entendre crisser ses pas dans la neige encore vierge de toute trace humaine, faire l’expérience d’un silence magistral est aussi envoûtant que charmant, beau à en pleurer. Alors, qu’importe l’incertitude des lendemains qui ne chantent pas toujours, ce qui compte est cette douceur présente, le chuchotement des anges aux oreilles de mon fils endormi, la blancheur d’une ouate neigeuse calmant le cœur de ses habitants. Aussi irréel qu’un rêve, ce moment fait partie de ceux qui justifient nos choix, nous assurent du chemin pris et à suivre.

La Finlande a ceci de merveilleux qu’elle rend encore hommage à sa nature. Routes et autoroutes sont bordées de forêts, vivre dans Helsinki et ses alentours permet aussi de profiter des parcs environnants qui sont légion. Certes, l’hiver est plus radical qu’à Paris, et il m’arrive de devenir nostalgique de certaines choses qui me manquent ici – ah, ma petite boulangerie de quartier, mes croissants du samedi matin, les petits potins de Saint-Germain ! ;-), mais enfin, nous respirons à nouveau. Et j’ai beau être face à mon clavier et non plus dans un bureau parisien, il y a des jours où je sais que j’ai fait le bon choix. Et surtout, ici se trouve le bonheur d’être aimé et d’aimer en retour…

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Etoile des neiges, mon cœur amoureux…

Happiness can depend on so small things… This morning, I am observing a sublime landscape from my window: trees, roads, fields, all covered by a thin snow coat that fits them perfectly. In the flat, the wonderful notes composed by Smetana and his Vltava, like a peaceful river. The little one sleeps in the sofa, a well merited nap after a dynamic morning and a long mother and son conversation with a lot of conniving “ah” and “euh”.

The most wonderful thing is to go outside: it is sometimes close to -10°C, but listening to one’s crunchy steps in the virgin snow before any other human steps in it and experimenting a great silence is so bewitching and charming, so beautiful to make you cry. So whatever the uncertain future, what matters is this current softness, the angels’ whispering to the ears of my asleep little boy, the purity of a cocoon-like snow soozing the heart of its inhabitants. Surreal like a dream, this moment is one of these moments justifying our choices, making us sure about the taken path and the one to be followed.

What is so wonderful in Finland is its eternal tribute to nature. Roads and even highways are line with forests and living in Helsinki does not prevent from enjoying huge and various parks around the corner of home. Winter is indeed harder than in Paris, and I sometimes feel nostalgic for some little things missinh here – ah, my little bakery, my Saturday morning croissants, the gossips in live from Saint-Germain! ;-), but here, we can breathe finally. And even if I am in front of my screen and not anymore in my Parisian office, some days like I know I did the right choice. And above all, here is the happiness to be loved and love back.

mardi 10 janvier 2012

Du soleil dans ma cuisine

Ma vie de jeune maman me donne l’occasion de me lancer dans des recettes à moitié improvisées et relativement rapides pour avoir le temps de tout préparer entre deux courts sommeils de mon nourrisson. Les tartes salées sont parfaites dans ce contexte. En voici une que je viens de concocter. En plein hiver finlandais, j’avais envie de légumes du soleil me rappelant les bonnes ratatouilles maison de ma maman… Si vous avez une demi-heure de plus, n’hésitez d’ailleurs pas à réaliser votre ratatouille maison, le goût est incomparable… Simple à préparer, cette tarte serait basique si l’on n’ajoutait pas une couche de moutarde sur la pâte. Ici, c’est la moutarde qui fait toute la différence. A vos fourneaux !

Tarte salée aux légumes du soleil

Ingrédients pour une tarte :

*1 pâte à tarte feuilletée ou brisée
*1 paquet de légumes du soleil surgelés (environ 400-500 g) ou 1 bocal de ratatouille
*250 g de tomates cerises
*1 pot de crème liquide
*2 œufs
*Herbes de Provence (thym, estragon, romarin, etc)
*3 cuillères à soupe de moutarde (encore meilleure avec de la moutarde à l’ancienne)
*fromage râpé (facultatif)

Recette :

*Étaler la pâte à tarte dans un moule à tarte. Préchauffer le four à 180°C.

*Cuire dans une casserole les légumes et y ajouter un peu d’huile d’olive en cours de cuisson (attention, les surgelés ont tendance à rendre de l’eau), puis ajouter les tomates cerises fraîches coupées en deux en fin de cuisson.

*Dans un bol, battre les deux œufs, puis la crème liquide, y ajouter les herbes de Provence (dosage selon goût). Verser ce mélange sur les légumes et mélanger le tout.

*Étaler sur le fond de la pâte à tarte une fine couche de moutarde avec le dos d’une cuillère. Verser par-dessus le mélange légumes-crème.

*Mettre au four environ 40 minutes (pour ceux qui le souhaitent, couvrir auparavant de quelques poignées de fromage râpé). Servir avec une salade pour un dîner léger. Bon appétit !

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Sunlight in my kitchen

My new life of young mother gives me the opportunity to try new recipes, half improvised, and fast enough to be able to do them between two short naps of the little one. Salty pies are perfect for that. Here is one I tried today. In the middle of the Finnish winter, I wanted vegetables reminding me the South and sunny locations. And then I thought about the perfect ratatouille of my mom. If you have half an hour more to use, do not hesitate to cook your own homemade ratatouille, it is even better ! Simple to do, this pie would be basic without the French mustard, that is the real secret of this pie !

Salty pie « légumes du soleil »

Ingredients :

*1 salty pastry
*1 packet of frozen or can ratatouille (about 400-500 g)
*250 g of cherry tomatoes
*1 pot of cream
*2 eggs
*Herbes de Provence (thyme, tarragon, rosemary, …)
*3 table spoons of French mustard (even better with « moutarde à l’ancienne »)

Recipe :

*Roll out the pastry in a pie plate. Preheat the oven (180°C).

*Cook in a pan the vegetables and add some olive oil while cooking, then add fresh cherry tomatoes cut in half.

*In a bowl, beat the eggs, then add cream, herbes de Provence (quantity depending on your taste). Pour this mix on the vegetables and mix.

*Spread the mustard on the pastry with the back of a spoon (should be a very thin layer). Then pour the vegetables-cream mix. Add some cheese on the top before putting in the oven for 40 minutes.

*Serve with a salad for a light dinner. Bon appétit !

lundi 9 janvier 2012

Manger du renne

Pour ce long week-end d’Epiphanie, mon Finlandais de mari a eu envie de m’impressionner en préparant un plat en sauce cuisant de longues heures au four… Ne doutant pas de ses talents culinaires – probablement hérités de sa mère, véritable cordon bleu, je lui ai fait confiance, et j’étais aussi très curieuse de découvrir sa version du ragoût de renne, plat lapon assez exquis pour qui aime de la viande tendre, au goût légèrement fumé (bien qu’élevé, un renne reste toujours un animal mi-sauvage).

Une petite précision avant d’aller plus avant dans le récit de cette expérience : par goût et par conviction, je suis plutôt de tendance végétarienne. J’ai pris l’habitude de ne manger de la viande qu’épisodiquement, notamment en au cours d’un déjeuner familial ou autre où je ne souhaitais pas gêner mon hôte. Je me mets à manger un peu plus de viande depuis ma grossesse et l’allaitement, parce qu’il y a un autre petit bout qui a besoin de certaines protéines dont je manque certainement un peu. Mais je reste peu attirée par la viande, toujours par goût, et dans un souci environnemental et une interrogation philosophique. Pour ceux que ça intéresse, jetez un œil à Eating animals (Faut-il manger les animaux ?), essai de Jonathan Safran Foer et à une certaine scène poignante de Life in a day (Un jour dans la vie).

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos rennes… La cuisine finlandaise, méconnue en France à tort, regorge de succulents petits plats et desserts fruités des plus délicieux. Cette année sera d’ailleurs l’occasion de récolter des recettes familiales afin de vous les faire partager ! La viande de renne est certes un peu délicate à trouver en France, mais ne serait-ce qu’à Ikea, vous aurez peut-être la chance de mettre la main dessus (comptez 500 g de viande pour 4 personnes, traditionnellement elle se présente sous vide, surgelée, et coupée en petits bouts). Cuisiner un ragoût de renne n’est pas compliqué, cela réclame seulement une longue cuisson au four (au moins deux heures). Dans une poêle, faites revenir les morceaux de renne dans du beurre jusqu’à ce que la viande prenne une couleur brune. Dans une autre poêle, faites revenir oignons et ail (quantité à votre convenance, en principe deux oignons de taille moyenne pour 500 g de viande), puis un peu de bacon (ou lardons). Une fois que viande et mélange ail-oignon et bacon sont prêts, mélangez le tout dans un grand récipient allant au four, arrosez d’un demi-litre de bière, ajoutez un cube de bouillon de volaille (ou légumes). Certaines recettes y ajoutent un peu de carottes, poireaux et champignons, mais ça c’est pour les plus gourmands. La viande doit être couverte par le liquide, ajoutez un peu d’eau si nécessaire. Faites cuire au four à 220°C pendant vingt minutes puis 175°C pendant au moins deux bonnes heures. Servez avec une purée de pommes de terre maison et de la confiture d’airelles (ou mieux encore, des airelles fraîches). C’est délicieux !

Petite anecdote loufoque pour conclure ce billet : ne vous fiez jamais à votre instinct lorsque vous faites seule les courses dans une autre langue et un autre pays : cela peut amener à faire une galette des rois sablée ou à manger bambi alors que vous pensiez avoir vu votre moitié acheter du renne… mais la recette reste toujours valable!

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Eating reindeer


For this long Epiphany weekend, my Finnish husband wanted to overaw me by preparing a great stews… Not doubting about his culinary talent, probably inherited from his mother, a real cordon bleu, I trusted him, and I was also very curious to discover his own version of a reindeer stews, an exquisite dish from Lapland for those who like tender meat, with a slight smoked taste (even though reindeers are raised by Sami people, they still are half-wild).

I have at this point to confess something: by taste and conviction, I am more vegetarian. I used to eat meat only at family meal or other kind of meal when I do not want to disturb my host. I am eating nowadays a little more meat since my pregnancy and because I am breastfeeding, because the little one needs more proteins than I used to. But I am still not so attracted by meat, especially because of my sustainable development background. For those who are interested in these questions, I recommend the reading of Eating animals by Jonathan Safran Foer and the vision of one specific cruel scene from the documentary Life in a day.

But let’s go back to my first topic : reindeer. Finnish cooking, unknown in France even though quite good, is a mix of delicious dishes and fruity desserts. This year I will try to collect a lot of family recipes and share them with you. Reindeer meat is a little bit hard to find in France, but you may have your chance in Ikea (usually 500 g of reindeer for 4 persons of frozen slices). Cooking reindeer stews is not so complex; it is just a question of time. In one pan, cook the reindeer slices with butter until they become brown. In another pan, cook the onions and garlic (quantity depends on your taste, usually two onions for 500 g of meat), then some bacon. Once everything is cooked, mix in a big dish going to the oven, cover with half a liter of beer and some water if necessary, add a “bouillon” cube. If you wish you can add some carrots, leeks and mushrooms. Cook in the oven (220°C) for 20 minutes, then at least two hours (175°C). Serve with mashed potatoes and cranberry jam (or even fresh cranberry!) It’s delicious!

Some little funny anecdote as an end of my little story : never trust your instinct when you are doing shopping in another language in another country : you end up doing a galette des rois with the wrong pastry or eating bambi and thinking you are eating a real reindeer ;-) but the recipe is still good for both!

jeudi 5 janvier 2012

Les rois et reines de Loppiainen

Une fois n’est pas coutume, je m’apprête à introduire une tradition française en Finlande ! Pour Loppiainen, jour de l’Epiphanie - ferié en Finlande -, les Finlandais célèbrent traditionnellement la fin de la période de noël… Occasion d’organiser une autre réunion de famille et de partager… une belle galette des rois ! Inconnue ici, la tradition du Pithiviers et de la découverte de la fève pourrait être rapprochée du partage du porridge de noël et des amandes cachées dans les assiettes des invités à midi le jour de noël. Notre bout de chou est encore trop petit pour passer sous la table et décider du sort de chaque part, mais nous en referons une l’année prochaine, promis ! Trouver une fève ici est un vrai défi, j’en ai donc ramenée dans mes bagages…

Occasion aussi de bien commencer 2012, de vous souhaiter mes meilleurs vœux et de prendre quelques résolutions : faire notamment beaucoup de progrès en finnois, aider notre petit bout à grandir, et peut-être réaliser quelques rêves… et m’intégrer complètement à mon nouveau pays.

Bonne galette !

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Kings and Queens of Loppiainen

Once upon a time, it is good to share some old tradition and I am planning to introduce a French tradition to Finnish culture this year ! For Loppiainen, the day of Epiphany, a national holiday in Finland, Finns are traditionally celebrating the end of Christmas’ days… A good occasion to organize another family meeting and to share… a beautiful galette des rois! Unknown here, this Pithiviers tradition and the discovery of a fève (charm), is to me pretty close to the spirit of sharing Christmas porridge on Christmas day. Our little one is still too small to go and hide under the table to decide who is going to get this piece of cake but we will do another one next year, it is a deal! Finding a fève in Finland is the biggest challenge here, that is why I brought some in my French luggages…

This little note is also a good opportunity to well start 2012 and wish you a happy new year. I took also some resolutions: especially to make progress in Finnish language, to help our little one to grow up well, and maybe to make some of my dreams come true… and to fit right into my new country.

Bonne galette!