dimanche 29 avril 2012

Eloge de la gourmandise….



Petit prince a eu six mois vendredi et il va pouvoir commencer à goûter de lui-même de nouvelles saveurs et textures. Fini le monopole du lait maternel (même si ça lui a bien profité ;)), place à la gourmandise et faisons de ce little Mensch un petit gourmet ! Je rêve déjà de lui concocter de bons petits plats – j’ai craqué il y a quelques jours, en prenant le prétexte de la célébration de sa demi-année pour concocter un cheesecake glacé choco-coco, une création maison très inspirée du beau blog de Dorian et de son cheesecake glacé chocolat et chocolat et chocolat… Mais pourquoi je vous raconte ça ? Et bien, parce que je me demande souvent pourquoi cette obsession pour les choses sucrées et surtout cette passion pour la pâtisserie et la cuisine en général. Et comment vivre en bec sucré dans un pays comme la Finlande où le sel est une épice bien plus plébiscitée… 

On a tous des petits et grands rêves, ils nous permettent de saliver et de goûter la vie sans trop se poser de questions : le mien a toujours été d’ouvrir un jour mon salon de thé-librairie franco-anglaise, entre La Charlotte de l’Isle et Shakespeare and Company, entre pâtisseries françaises (et finlandaises, elles sont aussi délicieuses !) et délicatesses américaines, un endroit qui me ressemblerait et qui accueillerait familles, amis et nouveaux venus comme à la maison, un palais des douceurs en mémoire de l’enfance perdue, en l’honneur d’un petit bout qui y rentre à peine… Cuisiner, pour partager et offrir, c’est un peu comme mon autre passion, l’écriture.

A Helsinki, la lumière d’été a fait son apparition. Elle nous empêcherait presque de dormir tant les nuits naturelles sont courtes ces jours-ci ! Certains se préparent pour Vappu, fête du 1er mai à la fois fête étudiante bien arrosée et occasion de rencontres familiales. Quel que soit le temps (certaines années, la neige refait une apparition furtive), on sort pour un pique-nique sur les hauteurs de Ullanlinna pour célébrer le printemps. Sima (nectar des dieux sans miel) et champagne (ou autre mousseux en guise de brunch) coulent à flots, et l’on dévore les traditionnels tippaleipä (beignet en forme de nid d’oiseau) et munkki (donut). Et oui, les Finlandais n’ont pas complètement oublié la saveur sucrée de leur enfance et préparent mille douceurs au fil des saisons en accompagnement d’un bon café. C’est d’ailleurs à l’heure du café (un véritable rituel, très réconfortant au cœur de l’hiver !) que l’on se retrouve entre amis ou en famille vers 16 heures pour échanger les dernières nouvelles. Il n’en demeure pas moins que leur premier amour reste le sel : même le bonbon national, le lakritsi, proche de notre réglisse, est un brin salé…  Mais le chocolat n’en est pas moins dévoré avec autant de passion (celui de Fazer en tête), plutôt dans sa version lait. 

C’est presque l’été, bébé grandit si vite et je commence à m’interroger sur l’avenir, et mon rôle dans ce nouveau pays d’adoption. Peut-on encore croire en ses rêves dans ce monde où petit bout de chou fait ses premiers pas ? Je fais ce rêve que cela soit encore possible et boit une nouvelle gorgée de sima pour continuer à m'enivrer de mes rêves…

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A praise for food greed…

Little prince just turned six months last Friday and he will finally be able to taste by himself new flavours and textures. It is the end of the monopoly of mother milk (even if he and his body seemed to have enjoy it a lot!), this is now the time for food greed and let’s turn this little Mensch in a little gourmet! I am dreaming of cooking him homemade sweet dishes – I could not resist the day before yesterday, just under the pretext of the celebration of his half a year, to cook an iced-chocolate-coconut cheesecake, a homemade creation inspired by the beautiful blog of Dorian andhis iced-chocolate and chocolate and chocolate cheesecake… 

But why do I tell you that? Well, because I often wonder why this obsession for sweet things and especially this passion for confectionery and cooking in general. And how a sweet tooth like me can live in a country like Finland where salt is a much more popular spice…

We all have small and big dreams, they make us drool over life and taste it more without asking too many questions: my dream has always been to open one day my tea-room and French-English bookshop, some place which could be a mix of the Charlotte de l’Isle and Shakespeare and Company, swith French pastries (and Finnish too, so delicious!) and American delicacies, a place which would look like me and would welcome families, friends and newcomers like at home, a palace for sweets in memory of lost childhood, in honor of a little one who hardly enters it…

In Helsinki, the summer light showed up. It would almost prevent us from sleeping, since the natural nights are short these days! Some already prepare Vappu, the 1st of May party, an (almost boozy ;) ) student party and a family one. Whatever the weather (some years snow can come back quickly), everybody is going out to share a picnic on Ullanlinna hills to celebrate spring. Sima (gods’ nectar without honey) and champagne (or any other sparkling wine used for brunch) flow like water and traditional homemade tippaleipä (a bird nest-shaped donut) and munkki (more traditional shaped donut) are savoured. Yes Finns did not completely forget the sweet taste of their childhood and still prepare thousand delicacies depending on the seasons and occasions and always for coffee time. It is then at coffee time (a real ritual, very comforting throughout dark wintertime months!), around 4 PM, that Finns are meeting friends or other members of their families to talk about events of the last days. 

Nevertheless their first love remains salt: even the national candy, lakritsi (close to liquorice), is a little bit salty… But chocolate is devoured as well with passion (those from Fazer especially), more in its milk version.

Can we still believe in our dreams in this world where my little one is doing his first steps? I have a dream that it can be still possible…


dimanche 15 avril 2012

La vie comme elle va

Petit conte de fées pour contenter les curieux qui n’ont cessé durant ces trois dernières années de me demander des détails sur notre histoire singulière, celle d’une rencontre improbable entre une petite Française et un adorable Finlandais…
 
Il y a trois ans, j’arpentais les quais de la gare d’Antibes, le cœur battant, à la fois impatiente et inquiète de retrouver celui qui était devenu, au fil de dizaines de messages échangés, mon doux correspondant. La vie est faite de surprises à laquelle on ne s’attend pas : après une année de doutes, de fuite dans un amour qui n’en était pas un, de perte d’un père restant énigmatique jusqu’au bout, je finis par me confier à un presque inconnu, arrivé sur ma route un peu par hasard. Et celui que j’avais rencontré un soir d’été sur les rives du lac Léman, auquel je ne daignais échanger que quelques mots, par complexe pour un anglais alors incertain, se révélait progressivement autre. Du nuage qui nous séparait l’un de l’autre, chacun concentré sur nos propres mélodies de cœur, je le trouvais sympathique, puis me tournais vers d’autres cieux. Puis il y eut Berlin, les petites Françaises et notre amie Portugaise frigorifiées, les Finlandais amusés mais toujours galants. Mon anglais, hélas, n’avait guère progressé, je me remettais d’une déception amoureuse (ou plutôt m’y enfonçais) et je pleurais sur le quai du S-Bahn nous ramenant à l’aéroport. Et puis je finis par le trouver délicat, humble et amical. Je m’exilais quelques mois, pour un stage en organisation internationale. Mes blessures, progressivement, se refermaient, je planifiais une rencontre de notre joyeuse bande Erasmus à Paris pour fêter la nouvelle année. Nous commençâmes à échanger des courriers brefs pour des raisons pratiques, des horaires d’avion, des envies de petits tours dans la capitale. Après une semaine magique où nous commencions à nous découvrir, je tombais sous le charme, me prêtais à rêver d’une amitié prolongée, ou de quelque chose d’autre, emportée par une flamme étrange et magique qu’il avait fini par allumer dans un cœur enfin libéré de ses anciens démons. Une correspondance de plusieurs mois finit par nous rapprocher étrangement, sur un fil étroit et instable où amitié et amour changeaient de frontières. 

Il y a trois ans, après une soirée où, hésitants et un brin maladroits, nous nous rapprochions un peu plus, un peu aidés par une coupe de champagne et les premières fraises de l’année, nous échangions enfin notre premier baiser. Un baiser doux et sucré, promesse d’un bonheur simple, sans artifice.

Trois ans plus tard, j’écris sur le canapé de notre appartement d’Helsinki, observant à la dérobée un petit bout dont nous célébrerons les six mois dans quelques jours. Fruit d’un amour durable, commencé par une rencontre à Genève qui aurait pu n’être qu’un croisement de chemins sans lendemain, il y a presque six ans.

Je pense à des photographies de Depardon, des portraits en noir et blanc de Doisneau et d’Izis. La vie comme elle va, ils l’ont croqué en un instant transformé sur pellicule en éternité. La vie comme elle va, avec ses peines et ses cris, ses rages et ses raffinements, ses consolations. En trois ans, nous avons appris à faire le tour de nous-mêmes, tout en détours prolongés avec délice, et parfois en doux raccourcis, prétextes à un dévorement furtif, prolongement d’un amour lent et apaisant, beau comme un nuage léger annonciateur de beau temps. Nous avons toujours pris soin de conserver une part de mystère, celui qui garantit l’étincelle préservant les amours heureux. 

Il n’y a pas d’amour heureux, disait le poète. Les plus belles histoires d’amour, dont celle de Solal et d’Ariane, à la langue inégalée, finissent toujours mal – en général. Notre histoire est peut-être l’exception à la règle, celle dont rêvent – et que vivent et consolident – certains couples, un jour ou l’autre. Notre histoire peut paraître banale, le piment n’est pas une épice quotidienne dans notre relation. Mais elle est des plus sincères et se construit dans l’apaisement. Les histoires de fées ou de princesses, de princes charmants chevauchant leur destrier blanc, ne sont plus de notre âge, font partie d’une autre réalité, dépassée. L’été dernier, nous nous sommes promis l’éternité. Je m’en remets à la bonne étoile qui nous a fait nous rencontrer. A notre petit garçon qui nous transforme aujourd’hui en parents unis, autre palette ajoutant ses délicates couleurs pastels à notre quotidien d’amants et d’aimants heureux. Et que ce vœu soit exaucé.
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La vie comme elle va (Life at it goes)
Little fairy tale to satisfy the curious who, over the past three years, have continuously ask me details about our unique story, the story of an unlikely encounter between a French girl and an adorable Finn...

Three years ago, I was walking along the platform of Antibes station, my heart pounding, both eager and anxious to meet the one who had become, after dozens of exchanged
messages, my sweet penfriend. Life is full of surprises that we do not expect: after a year of doubts, a loss in a love that was not one, and the loss of a father still enigmatic for me until the end, I ended up confiding in an almost unknown, arrived by chance in my life. And the one who I had met one summer evening on the shores of Lake Geneva, with whom I hardly talked, hung-up by my while uncertain English, turned out gradually another person.
The cloud that separated us from each other, each of us focused on our own melodies of heart, let me consider him as friendly at first, but I was heading for new pastures. Then came Berlin, the frozen French girls and our lovely Portuguese girlfriend, Finns gently mocking us but always gallant. My English, unfortunately, had known little progress, and I was recovering from (or rather sinking into) a broken love and I was crying on the platform of the S-Bahn bringing us back to the airport. And there I finally discover him delicate, humble and friendly. I went into exile for a few months for an internship in an international organization. My wounds were gradually healing, I was intensely planning a meeting of our merry band of Erasmus students in Paris to celebrate the new year. We began to exchange brief emails for practical reasons, about flight times, ideas of excursions in cravings small towers in he capital. After a magical week where we began to discover each other, I fell for his charms, and was dreaming of a long friendship, or something else, carried away by a strange and magical flame that had come to light a heart finally released from its old demons. A correspondence of several months finally bring us strangely on a narrow and unstable wire, where friendship and love have very thin borders.

Three years ago, after an evening, when hesitant and a bit clumsy, we got closer to each other, helped a little bit by a glass of champagne and the first strawberries of the year, we exchanged our first kiss. A mild, sweet kiss, a promise of simple and without artifice happiness.

Three years later, I am writing on the sofa of our apartment of Helsinki, observing the little one whose six months will be celebrated in a few days. Result of a lasting love, with a blur beginning six years ago, in a first encounter in Geneva that could have been just a crossroad in our lifes with no future.

I am thinking about photographs by Depardon, portraits in black and white by Doisneau and Izis. Life as it goes, they catched it in an instant turned into eternity on a film. Life as it goes, with its pains and screams, his rages and its refinements, its consolations. In three years, we have learned to know each other, with long delightful detours, and sometimes sweet shortcuts, excuses for fast devour, extension of a slow and soothing love, beautiful like a light cloud, as a sign of good weather. We have always been careful to preserve a slight mystery, the one that guarantees this essential flame preserving happy loves.

There is no happy love, the poet said. The most beautiful love stories, including the story of Solal and Ariane, and its unequaled language, always end badly - in general. Our story is perhaps the exception, the one that dream - and live and consolidate - some couples, one day or another. Our story may seem trivial, chili is not an everyday spice in our relationship. But it is the most sincere and built in appeasement. Fairy tales or tales of princesses, charming princes riding their white horse, are no longer for our age, part of another reality, outdated. Last summer, we made ourselves a promise of eternity. I make a wish and ask it to the good star that made us meet. To our little boy who turns us into joined parents, adding another palette and its delicate pastel colors to our lives of happy lovers and loving couple. With the hope that this wish will be fulfilled.