dimanche 15 avril 2012

La vie comme elle va

Petit conte de fées pour contenter les curieux qui n’ont cessé durant ces trois dernières années de me demander des détails sur notre histoire singulière, celle d’une rencontre improbable entre une petite Française et un adorable Finlandais…
 
Il y a trois ans, j’arpentais les quais de la gare d’Antibes, le cœur battant, à la fois impatiente et inquiète de retrouver celui qui était devenu, au fil de dizaines de messages échangés, mon doux correspondant. La vie est faite de surprises à laquelle on ne s’attend pas : après une année de doutes, de fuite dans un amour qui n’en était pas un, de perte d’un père restant énigmatique jusqu’au bout, je finis par me confier à un presque inconnu, arrivé sur ma route un peu par hasard. Et celui que j’avais rencontré un soir d’été sur les rives du lac Léman, auquel je ne daignais échanger que quelques mots, par complexe pour un anglais alors incertain, se révélait progressivement autre. Du nuage qui nous séparait l’un de l’autre, chacun concentré sur nos propres mélodies de cœur, je le trouvais sympathique, puis me tournais vers d’autres cieux. Puis il y eut Berlin, les petites Françaises et notre amie Portugaise frigorifiées, les Finlandais amusés mais toujours galants. Mon anglais, hélas, n’avait guère progressé, je me remettais d’une déception amoureuse (ou plutôt m’y enfonçais) et je pleurais sur le quai du S-Bahn nous ramenant à l’aéroport. Et puis je finis par le trouver délicat, humble et amical. Je m’exilais quelques mois, pour un stage en organisation internationale. Mes blessures, progressivement, se refermaient, je planifiais une rencontre de notre joyeuse bande Erasmus à Paris pour fêter la nouvelle année. Nous commençâmes à échanger des courriers brefs pour des raisons pratiques, des horaires d’avion, des envies de petits tours dans la capitale. Après une semaine magique où nous commencions à nous découvrir, je tombais sous le charme, me prêtais à rêver d’une amitié prolongée, ou de quelque chose d’autre, emportée par une flamme étrange et magique qu’il avait fini par allumer dans un cœur enfin libéré de ses anciens démons. Une correspondance de plusieurs mois finit par nous rapprocher étrangement, sur un fil étroit et instable où amitié et amour changeaient de frontières. 

Il y a trois ans, après une soirée où, hésitants et un brin maladroits, nous nous rapprochions un peu plus, un peu aidés par une coupe de champagne et les premières fraises de l’année, nous échangions enfin notre premier baiser. Un baiser doux et sucré, promesse d’un bonheur simple, sans artifice.

Trois ans plus tard, j’écris sur le canapé de notre appartement d’Helsinki, observant à la dérobée un petit bout dont nous célébrerons les six mois dans quelques jours. Fruit d’un amour durable, commencé par une rencontre à Genève qui aurait pu n’être qu’un croisement de chemins sans lendemain, il y a presque six ans.

Je pense à des photographies de Depardon, des portraits en noir et blanc de Doisneau et d’Izis. La vie comme elle va, ils l’ont croqué en un instant transformé sur pellicule en éternité. La vie comme elle va, avec ses peines et ses cris, ses rages et ses raffinements, ses consolations. En trois ans, nous avons appris à faire le tour de nous-mêmes, tout en détours prolongés avec délice, et parfois en doux raccourcis, prétextes à un dévorement furtif, prolongement d’un amour lent et apaisant, beau comme un nuage léger annonciateur de beau temps. Nous avons toujours pris soin de conserver une part de mystère, celui qui garantit l’étincelle préservant les amours heureux. 

Il n’y a pas d’amour heureux, disait le poète. Les plus belles histoires d’amour, dont celle de Solal et d’Ariane, à la langue inégalée, finissent toujours mal – en général. Notre histoire est peut-être l’exception à la règle, celle dont rêvent – et que vivent et consolident – certains couples, un jour ou l’autre. Notre histoire peut paraître banale, le piment n’est pas une épice quotidienne dans notre relation. Mais elle est des plus sincères et se construit dans l’apaisement. Les histoires de fées ou de princesses, de princes charmants chevauchant leur destrier blanc, ne sont plus de notre âge, font partie d’une autre réalité, dépassée. L’été dernier, nous nous sommes promis l’éternité. Je m’en remets à la bonne étoile qui nous a fait nous rencontrer. A notre petit garçon qui nous transforme aujourd’hui en parents unis, autre palette ajoutant ses délicates couleurs pastels à notre quotidien d’amants et d’aimants heureux. Et que ce vœu soit exaucé.
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La vie comme elle va (Life at it goes)
Little fairy tale to satisfy the curious who, over the past three years, have continuously ask me details about our unique story, the story of an unlikely encounter between a French girl and an adorable Finn...

Three years ago, I was walking along the platform of Antibes station, my heart pounding, both eager and anxious to meet the one who had become, after dozens of exchanged
messages, my sweet penfriend. Life is full of surprises that we do not expect: after a year of doubts, a loss in a love that was not one, and the loss of a father still enigmatic for me until the end, I ended up confiding in an almost unknown, arrived by chance in my life. And the one who I had met one summer evening on the shores of Lake Geneva, with whom I hardly talked, hung-up by my while uncertain English, turned out gradually another person.
The cloud that separated us from each other, each of us focused on our own melodies of heart, let me consider him as friendly at first, but I was heading for new pastures. Then came Berlin, the frozen French girls and our lovely Portuguese girlfriend, Finns gently mocking us but always gallant. My English, unfortunately, had known little progress, and I was recovering from (or rather sinking into) a broken love and I was crying on the platform of the S-Bahn bringing us back to the airport. And there I finally discover him delicate, humble and friendly. I went into exile for a few months for an internship in an international organization. My wounds were gradually healing, I was intensely planning a meeting of our merry band of Erasmus students in Paris to celebrate the new year. We began to exchange brief emails for practical reasons, about flight times, ideas of excursions in cravings small towers in he capital. After a magical week where we began to discover each other, I fell for his charms, and was dreaming of a long friendship, or something else, carried away by a strange and magical flame that had come to light a heart finally released from its old demons. A correspondence of several months finally bring us strangely on a narrow and unstable wire, where friendship and love have very thin borders.

Three years ago, after an evening, when hesitant and a bit clumsy, we got closer to each other, helped a little bit by a glass of champagne and the first strawberries of the year, we exchanged our first kiss. A mild, sweet kiss, a promise of simple and without artifice happiness.

Three years later, I am writing on the sofa of our apartment of Helsinki, observing the little one whose six months will be celebrated in a few days. Result of a lasting love, with a blur beginning six years ago, in a first encounter in Geneva that could have been just a crossroad in our lifes with no future.

I am thinking about photographs by Depardon, portraits in black and white by Doisneau and Izis. Life as it goes, they catched it in an instant turned into eternity on a film. Life as it goes, with its pains and screams, his rages and its refinements, its consolations. In three years, we have learned to know each other, with long delightful detours, and sometimes sweet shortcuts, excuses for fast devour, extension of a slow and soothing love, beautiful like a light cloud, as a sign of good weather. We have always been careful to preserve a slight mystery, the one that guarantees this essential flame preserving happy loves.

There is no happy love, the poet said. The most beautiful love stories, including the story of Solal and Ariane, and its unequaled language, always end badly - in general. Our story is perhaps the exception, the one that dream - and live and consolidate - some couples, one day or another. Our story may seem trivial, chili is not an everyday spice in our relationship. But it is the most sincere and built in appeasement. Fairy tales or tales of princesses, charming princes riding their white horse, are no longer for our age, part of another reality, outdated. Last summer, we made ourselves a promise of eternity. I make a wish and ask it to the good star that made us meet. To our little boy who turns us into joined parents, adding another palette and its delicate pastel colors to our lives of happy lovers and loving couple. With the hope that this wish will be fulfilled.

1 commentaire:

  1. Lauriane, c'est toujours un délice de te lire!
    Bientôt un petit mail ne t'inquiète pas
    Je pense bien à toi

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