mercredi 5 septembre 2012

Koti

Je dédie ce billet à Marie-Pauline

Me voilà de retour "à la maison" et une étrange impression de décalage me colle à la peau... Vivre à l'étranger pousse à toujours se demander où est "la maison", celle que l'on aime appeler "home sweet home", cet endroit où chacun peut se sentir chez lui, parce que devenant lui-même...

Je suis ici, et pourtant, une part de moi reste là-bas, je suis de loin ce qui se passe dans "mon pays", et toujours un peu de loin ce qui se passe là où je suis... J'ai déjà fait l'expérience de cet état étrange en vivant à Genève plus d'un an au total; petite, je partageais mes vacances au-delà des frontières de la Lorraine, entre deux parents et trois pays. Je pense à la chanson de Maxime Le Forestier Né quelque part et je dévore ses paroles qui me parlent si bien désormais... Que signifie "être né quelque part"? Faut-il y attacher tant d'importance? Puis-je vivre un bonheur complet dans mon nouveau pays sans attache pour un passé qui n'est plus mais qui m'a construite? Ce nouveau pays où je me sens étrange, comme étrangère, et qui, pourtant, abrite une nouvelle famille qui m'a fait une place dans son cœur...

Je pense à petit bonhomme qui n'a pas un an et déjà deux pays. C'est à la fois excitant, enrichissant, mais cela rend toujours un peu triste, quand on est obligé de se diviser en deux pour pouvoir voir les gens que l'on aime, ceux qui sont ici, ceux qui sont ailleurs.

Et si koti se trouvait simplement à l'endroit où sont les miens? un petit bout de monde où nous construirions notre petit bout de chemin avec mes deux princes, un petit bout du monde sans frontières plein de souvenirs à raconter à celui qui se construit, à nous remémorer pour ne pas oublier qui nous sommes et pour devenir ce que nous sommes... pour tendre à notre part de bonheur, pour traverser les orages et ouragans de la vie, pour nourrir nos amitiés sans se cacher, pour nourrir les premiers pas d'un petit bonhomme prêt à découvrir la vie.

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I dedicate this post to Marie-Pauline

Back to "home" and I am stuck with a strange feeling of being out of step... To live abroad makes you always wonder where is "home", the one we love to call "home sweet home", this place where everybody can feel at home, a "home" where you can be yourself... 

I am here, and though a part of me stays there, I follow with distance what happens in "my country", and always with a little bit distance what happens here, the country where I am... I already experiment this strange state by living in Geneva totally for more than a year; when I was a little girl I used to share my holidays between my two parents and three countries, beyond the borders of Lorraine. I am thinking about a song by Maxime Le Forestier Né quelque part (To be born somewhere) and I am devouring his lyrics echoing deeply with my own experience... What does it mean "to be born somewhere"? Should we attach so much importance to it? Can I live a full happiness in my new country without link with a past behind me but a past making me like I am now? This new country where I feel strange, like "a stranger", but where lives my new family, a family which has built a place for me in its heart...

I am thinking about my little one who is less than one year and had already two countries. This is as exciting and enriching as sad, when you have to divide yourself into two to be able to see people you love, those who are here, those who are there.

And what if koti would be the place where are the ones I love? a little piece of world where we would build our little path with my two princes, a little piece of world without borders full of memories to be told to our little prince who is growing up and shaping his own identity, to be remembered so we do not forget who we are and who we have to become... to head to our piece of happiness, to go through the storms and hurricanes of life, to feed our friendships without hiding ourselves, to follow the steps of our little man-to-be ready to discover life.





lundi 16 juillet 2012

Petite pause estivale...

En partance pour de nouvelles aventures, après une année pleine de bouleversements et de rencontres intenses... Un an de ma nouvelle vie finlandaise derrière moi, un petit bout qui commence à galoper partout, des rencontres, des retrouvailles, des projets pleins la tête... que de choses se sont passées, prêtes à être remémorées lors de moments plus difficiles...

Je fais une pause estivale sur ce blog, en attendant la rentrée et une multitude de nouveaux sujets et d'impressions sur ma petite vie exotique à l'autre bout de l'Europe. En espérant vous retrouver, chers lecteurs, dès le premier rougeoiement des feuilles... Je vous souhaite à tous un merveilleux été (quelque soit la météo) et vous dis à très bientôt...

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Little summer break

Heading for new adventures, after a year full of surprises and intense moments and exchanges... A year of my new Finnish life behind me, a little one who starts crawling and running everywhere,  unexpected encounters, reunions, my mind full of projects... so many things happened, ready to be recalled in more difficult moments...

I am taking a summer break on this blog, waiting for the start of the school year and a lot of new subjects and feelings on my little exotic life on the other side of Europe. And I hope to meet you again, dear readers, when the leaves will start glowing red... Meanwhile I wish you all a wonderful summer (whatever the weather forecast) and see you very soon! :)

mercredi 20 juin 2012

Les feux de la Saint-Jean

Il est des temps joyeux, quand l'été vous envahit de sa lumière qui ne vous quitte plus, jour comme nuit, quand l'on ressent ses effets dans la rue, captant le sourire d'un passant inconnu apaisé par la brise légère, et tout le reste n'est que soucis secondaires. On repense aux choses essentielles de la vie, à ses amours, ses amis sincères, même s'il ne se compte que sur le doigt d'une main, à un petit garçon qui grandit aussi vite qu'une rose de la Saint-Jean sur le point de s'épanouir, à la famille, même séparée de quelques milliers de kilomètres, qui occupe aussi constamment une part du cœur.

Il est des temps heureux, quand la beauté d'un paysage suffit à faire fuir tous les doutes, même si ce temps suspendant son vol reprendra son activité, on le sait, dans quelques jours seulement. Alors on s'arrête sur la jetée d'un lac, l'on observe cette nuit qui ne viendra pas, l'on célèbre tous ensemble, autour d'un feu de joie et d'un barbecue géant, le solstice d'un été qui restera gravé à jamais dans nos cœurs de jeunes parents.

La vie, la vraie. Le silence, savouré avec les gens que l'on aime... La Finlande et sa magie.



The Midsummer day's bonfires

There are happy times, when the summer enlights you with a light that never leaves you, day and night, when you feel its effects in the street, catching the smile of an unknown pedestrian  eased by a fresh breeze, and everything else is minor. You think about essential things of your life, about your loves, about the true friends even if you can count them on the fingers of your hand, about a little boy who is growing as fast as a Midsummer day's rose which is on its way to bloom, about your family even separated from you by thousands of kilometers, who has always a dedicated space in your heart. 

There are happy times, when the beauty of a landscape is enough to make your doubts go away, even if these moments when time stops never last long, and you know it... Then you stop on a pier in the front of a lake, you observe the night that will never come and celebrate it with others around a bonfire and a giant barbecue, the solstice of a summer which will be engraved for ever in the hearts of young parents.


Life, true life. Silence, enjoyed with people you love... Finland and its magic.

jeudi 14 juin 2012

Ce qui ne peut arriver qu'en Finlande, acte 2

Le week-end dernier, nous avons fait prendre à petit bonheur le bateau pour la première fois, direction l'île de Suomenlinna, ancienne forteresse et île superbe à cinq minutes en bateau de la capitale, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Helsinki porte désormais ses habits d'été et il est assez amusant de rencontrer des touristes du monde entier venus admirer la belle nordique. Sur le bateau, petit prince a appris son premier mot de japonais, "akachan", "bébé", répété par un grand-père amusé à sa petite-fille qui n'arrêtait pas de tenter de capter l'attention du petit prince intrigué. 

Une heure plus tard, après une promenade agréable en bord de mer, nous nous sommes attablés dans la cour du café Chapman. Et c'est là que l'incroyable s'est produit: nous avons assisté au repas de mouettes mangeant des ... spaghettis! Incroyable mais vrai, j'ai eu l'impression d'assister à un remake de La Belle et le Clochard, d'autant plus que les mêmes mouettes tentaient un peu plus loin de tremper leur bec dans des verres à vin... Enfin, ça c'est presque terminé à la Hitchcock... sous le regard médusé des quelques personnes attablées à la terrasse...

Une chose à savoir quand on visite Helsinki l'été: méfiez-vous des mouettes si vous vous promenez avec une glace, une gaufre ou des frites, elles sont terriblement voraces et font même la fine bouche devant leur poisson... :D

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Last weekend our little happiness took the boat for the first time of his life, heading to Suomenlinna island, a former fortress and magnificent island not far from the capital –five minutes trip by boat – registered in the list of UNESCO world heritage. Helsinki wears now its summer clothes and it is kind of funny to meet worldwide tourists curious to admire the beautiful Nordic city… On the boat our little prince learnt his first Japanese word, “akachan”, “baby”, repeated by a cheerful grandfather to his granddaughter who tried and tried again to catch the attention of our curious little one.

An hour later, after a nice walk along the sea, we were sitting in the square of Café Chapman. And this is when, strange but true, something incredible happened: we witnessed the meal of a bunch of seagulls eating… spaghettis! I had the feeling to watch a remake of Lady and the Tramp. On another table some tried even to drink some delicacies in wine glasses… It almost ended the same way than the famous Hitchcock’s movie… under the dumbfounded look of some persons seating at the terrace.

A think to know when you visit Helsinki during the summer : watch out the seagulls if you walk with an ice-cream, a waffle or even French fries, those birds are frightfully  voracious and turn their noses up at their own fishy meal… :D

mercredi 6 juin 2012

Nous allions vers les beaux jours...

Presque un an de vécu finlandais et je n’ai pas encore abordé un trait fondamental de la culture nationale. En ces premiers jours d’été (oui, ici, l’été est officiellement commencé), je pousse petit prince dans son carrosse, l’admire s’endormir si facilement, bercé par le mouvement régulier et le bruit de mes pas et me laisse charmer par le paysage. Au parc d’Huopalahti (Pikku Huopalahden puisto), la mer s’est faite un chemin et avance son bras dans la terre pour mieux porter les petits bateaux qui attendent leur tour sur la jetée. Quelques hommes, assis sur leur chaise pliante, taquinent le goujon. Plus loin, un petit groupe de retraités cultivent leur jardin. Vers 14h30, les enfants passent par ici en sortant de l’école pour profiter du beau temps, bien loin d’un long hiver dont on ne voyait plus la fin. 
 
Le week-end, ceux qui ont la chance d’avoir un kesämökki (chalet d’été) partiront rejoindre leur résidence secondaire pour vivre au plus près de la nature, fuir la ville et ses inconvénients. Ils vivront d’amour et d’eau fraîche, de séances de sauna et de jardinage, de balades forestières et de soirées barbecue, où je peux déjà imaginer l’odeur d’un saumon grillé, de champignons et de maïs ou encore celle du poulet mariné. 

Car si les Finlandais ont bien quelque chose à nous apprendre (si ce n’est pas plusieurs), c’est de profiter du présent, de retrouver ses racines et la simplicité, qui accessibles et si nous ne les laissons pas filer sans les savourer, sont des pans indispensables à notre bonheur. Le rituel du sauna, que chacun pratique une à deux fois par semaine tout au long de l’année, prend tout son sens au cœur de l’été, lorsque membres de la famille ou amis se retrouvent au sauna chauffé au feu de bois, pour échanger les dernières nouvelles ou parler de sujets graves – comme le montre si bien Steam of life (Miesten vuoro), un documentaire génial et touchant sur le sujet.   

Les secrets du sauna m’ont été introduits par mon âme sœur, il y a trois ans, lors de mon premier voyage ici. Si la nudité était pour moi, petite française, assez gênante parce que plutôt tabou, elle est ici naturelle et personne ne vous dévisage avec insistance dans un sauna –règle numéro 1. Je ne vais pas dans les saunas publics ou dans les saunas d’immeubles, même s’ils existent et qu’ils sont plutôt fréquentés, avec des horaires différents pour les femmes et les hommes. Mais j’aime partager le sauna familial, une autre manière d’être ensemble et mine de rien participant au bien-être de son corps, surtout lorsqu’on plonge ensuite dans le lac à proximité (même si j’avoue n’avoir jamais essayé de me rouler dans la neige ou de plonger dans la mer gelée au cœur de l’hiver…trouillarde que je suis ! ;))  Retrouver ses racines et ses origines en s’exilant, n’est-ce pas l’un des côtés les plus excitants des voyages qui se prolongent ?

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We were heading for fine days

Almost one year of Finnish life and I still did not talk about one of the main features of its national culture. I am enjoying the first summer days (yes, summer has officially started here) and push our little prince in his coach, admiring him falling asleep so easily, rocked by the regular movement and my steps’ sound and I am bewitched by the landscape. In Huopalahti park (Pikku Huopalahden puisto), the sea found its way and offers an arm to the land to carry better the little boats waiting on the pier. Some men sit on their folding chairs and try to catch a fish. Some blocks from there a small group of retired people garden. Around 2.30 PM children go through the park leaving their school and enjoy the nice weather, far from a long and hard winter.

During the weekend the lucky ones who own a kesämökki (summer cottage) will head to their secondary residence to live closer to nature, leave the city and its inconveniences. They will live on love alone, enjoy sauna sessions and gardening, forest walks and barbecue nights, where I can already feel the smell of  grilled salmon, mushrooms and corn or marinated chicken.

If Finns have one thing to teach us (if not more), it is “carpe diem”: to enjoy the present, find back one’s roots and simplicity (let’s forget our artifices), these accessible things that can lead us to happiness if we do not ignore them. Sauna ritual, that everybody is following once to two times a week throughout the whole year, makes sense especially at the heart of summer, when the members of a family or friends meet each other in a traditional wooden sauna to talk about last news or more serious subjects – like the ones mentioned in this brilliant and moving documentary Steam of life (Miesten vuoro).

Sauna secrets have been introduced in my life by my soulmate three years ago, during my first trip here. If nudity was somehow awkward for the little French I was because a little bit taboo, it is here something natural and nobody will stare at your body in a sauna –rule number 1. I do not go in public saunas or building saunas eventhough they exist and are quite popular, with different time schedules for women and men. But I like sharing a family sauna, another way of being together and feeling good, especially good for your health if you dive afterwards in the nearby lake (well, I have to admit I did not try to roll into the snow or dive into the frozen sea in the middle of the winter…I am still a chicken for that! ;) ) To find back our one’s roots and origins while going to exile, isn’t it one of the most exciting points of long-lasting trips?